(J'ai lu, 8,40€, 573 pages)
ISBN : 2-290-34371-4
L'auteur : Anna Gavalda Biographie
" …Non, ne pleure pas… Tiens, prends mon mouchoir, petite fille… Mais il y a une chose que je dois te dire : les gens qui s'arrêtent de parler deviennent fous. Chu Ta, par exemple, je ne te l'ai pas dit tout à l'heure, mais il est devenu fou et très malheureux aussi… Très, très malheureux et très, très fou. Il n'a retrouvé la paix que lorsqu'il était un vieillard. Tu ne vas pas attendre d'être une vieillarde, toi, n'est-ce pas ? Dis-moi que non. Tu es très douée, tu sais ? Tu es la plus douée de tous les élèves que j'aie jamais eus, mais ce n'est pas une raison, Camille... Ce n'est pas une raison… Le monde d'aujourd'hui n'est plus comme celui de Chu Ta et tu dois te remettre à parler. Tu es obligée, tu comprends ? Sinon, ils vont t'enfermer avec de vrais fous et personne ne verra jamais tous tes beaux dessins… "
Camille fait des ménages dans les bureaux le soir et dessine à ses heures. Féru d'histoire, Philibert est un aristocrate timide et émotif qui habite un immense appartement. Franck cuisinier de son état a une grand-mère qui ne peut plus vivre seule et qu'il doit se résoudre à placer dans une maison de retraite. Voici les quatre personnages principaux de l'histoire. Un peu éclopés, pas en très bon état, ils traînent des passés difficiles et des blessures ouvertes. Ils ont des rêves aussi. Des envies d'échappées belles. Ils vont se rencontrer, s'apprendre... et découvrir qu'ensemble, le bonheur est possible. Qu'il tient à peu de choses... qu'il tient surtout à... "être ensemble".
Il y a des auteurs qui parviennent à mettre en scène des gens comme nous, sans rien, absolument rien de plus. Pas de grand drame, pas de grand destin, pas de grandes qualités, ni de grands défauts. Et on peut vraiment faire un bon roman avec ça ? Oui. Anna Gavalda y parvient, et sur plus de 500 pages.
Cette fratrie nous amuse doucement au fil du récit d’Anna Gavalda. La prouesse, c’est qu’elle laisse vivre ses personnages. Pas d’intrigue hyper tendue pour vous conduire à la dernière page. Pas d’extraordinaire rebondissement pour relancer la machine. Non, rien que des vies. Ce qui, chez d’autres, aurait pu provoquer un profond ennui, donne chez Gavalda une impression de légèreté. On s’attache à ces personnages et on n’a plus envie de les quitter. On pardonne même à l’auteur quelques passages un peu nunuches, ou quelques répliques un peu fades ou attendues.
La langue aide aussi l’auteur à éviter l’ennui. Une langue vive, tintée de parisianismes, et une profusion de dialogues très crédibles.
Ce qu'on aime aussi, c’est que c’est un roman complètement féminin. Tous les personnages, et surtout Frank, le vrai mec, sont décrit par une plume du sexe dit faible.